C’est au début du XIIe siècle que Robert d’Arbrissel, fondateur de l’abbaye Royale de Fontevraud décide de fonder un prieuré de l’ordre Fontevriste baptisé Prieuré Notre Dame d’Orsan où il mourra en 1116, en léguant son corps à l’abbaye de Fontevraud et son cœur à Orsan.

La relique de son cœur entreposée dans l’ancienne église des lieux, aujourd’hui disparue, permet à Orsan de devenir un lieu de pèlerinage lui apportant une renommée et des moyens financiers importants, jusqu’aux guerres de Religion, qui mettront fin à cette belle aventure, suite aux pillages et aux incendies des bâtiments en 1569.

Le prieuré sera reconstruit en partie et la vie monastique se poursuivra jusqu’à la Révolution, qui mettra fin définitivement à la vie du Prieuré et fera fuir les religieuses.

Au XIXe siècle, Orsan devient alors une exploitation agricole et une carrière de pierres avec les restes du cloître et de l’église, avant l’abandon du site.

Le prieuré prospère très vite et se construit. Une église aujourd’hui disparue est achevée en 1113. Les principaux seigneurs de la région prennent alors le prieuré sous leur protection. Jalousé par les autres monastères de la région, le Prieuré d’Orsan se retrouve rapidement en procès.

Robert d’Arbrissel décide de rentrer à Orsan pour régler ces litiges en 1116 et c’est probablement à cette époque que le fondateur décède. Il lègue son cœur à Orsan et le reste de son corps à Fontevraud. L’archevêque Léger de Bourges meurt quelques années plus tard, donnant sa maison de campagne au prieuré et demandant à être inhumé près du cœur de Robert d’Arbrissel. Le symbole du cœur en hommage à Robert d’Arbrissel est toujours présent dans les jardins.

Durant cinq siècles, le prieuré connaît une prospérité formidable. Devenu lieu de pèlerinage, car Robert d’Arbrissel était considéré comme un Saint (on attribuait à sa relique de nombreux miracles). Notre-Dame d’Orsan reçoit de multiples donations, agrandissant ainsi son domaine remarquablement bien géré par ses différentes prieures.

Le Prieuré d’Orsan échappe à la Guerre de Cent Ans mais ne se relève pas des guerres de Religion. En 1569, les bâtiments sont pillés et brûlés, l’église est détruite comme environ 90% des bâtiments. Les religieuses s’enfuient au château du Châtelet et reviennent une année plus tard, constatant la disparition de nombreux documents. Fermiers et tenanciers refusent alors de payer fermages, rentes et redevances. Orsan acheva alors sa décadence dans de multiples procès.

Malgré cela, les bâtiments furent reconstruits en 1596 grâce à Éléonore de Bourbon, abbesse de Fontevraud. La clôture et le grand portail furent achevés au XVIIIe siècle. À la Révolution, le prieuré et ses biens furent vendus et ses bâtiments utilisés comme exploitation agricole jusqu’en 1989.

En 1991, un couple d’architectes, Sonia Lesot et Patrice Taravella, achète Orsan et fait le pari de rénover l’intégralité des bâtiments afin de stopper la déchéance du lieu et de le préserver.

Après deux années de travaux sur les bâtiments endommagés, l’idée de recréer des jardins à l’intérieur de cette cour formée par les quatre massifs bâtiments restants et disposés en U, vient à l’esprit de nos deux architectes. Un gros travail de recherches historiques est alors mené, afin de mieux comprendre l’histoire des lieux et de s’en inspirer pour créer des jardins cohérents avec la vie passée à Orsan.

En 1993, les travaux paysagers préparatifs à la création des jardins débutent, après un gros nettoyage de la cour et le démontage des bâtiments en tôles de l’ancienne exploitation agricole et le débroussaillage des terres jusque-là laissées à l’abandon.

Inspirés d’enluminures médiévales et épaulés par un chef jardinier, Gilles Guyot et son équipe, le cloître d’Orsan est planté en haies de charme au centre des bâtiments. Le cloître dessert l’ensemble des clos du jardin qui forment des tableaux remplis de symboles.

En 1994, les jardins du Prieuré d’Orsan sont sortis de terre et ouvrent pour la première fois au public. Des jardins contemporains d’inspiration médiévale ont redonnés toute sa splendeur aux lieux.

Les jardins obtiendront le célèbre label « Jardins remarquables » décerné par le Ministère de la Culture en 2004, venant ainsi récompenser le travail réalisé par toutes les équipes qui se sont succédées pour créer de toutes pièces ce lieu enchanteur.